Investiture de Denis Kadima , « cet acte scelle ainsi sa volonté de contrôler tout le pouvoir d’Etat » (Prof Alphonse Maindo).
Vendredi 22 octobre, Félix Tshisekedi a investi le nouveau bureau de la CENI, Commission Electorale Nationale Indépendante. Le communiqué y relatif a été lu sur les antennes de la RTNC, Radio Télévision Nationale Congolaise. Selon certains observateurs, le président de la République vient d’appliquer le principe de deux poids, deux mesures.
Il y a deux ans, l’assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) avait entériné le choix de Ronsard Malonda pour présider la commission électorale nationale indépendante. Ce choix de Ronsard Malonda avait été fait par six des 8 confessions religieuses que compte le pays sans les catholiques et les protestants, les deux principales confessions en RDC. Quelques jours plus tard, dans une correspondance adressée à Jeanine Mabunda alors présidente de l’Assemblée nationale, le président Félix Tshisekedi avait annoncé que les conditions n’étaient pas réunies pour investir Ronsard Malonda comme président de la CENI. Selon lui, le consensus n’était pas clairement dégagé au sein de la plateforme des confessions religieuses.
Deux ans plus tard, le même scenario se produit. L’Assemblée Nationale a entériné le choix de Denis Kadima qui a été fait par par six des 8 confessions religieuses sans les catholiques et les protestants. L’issue semblait être claire, quant à la décision du chef de l’état. Mais contre toute attente, le président a, au cours de son adresse à la nation du vendredi 22 octobre, investi le nouveau bureau de la CENI avec comme président Denis Kadima.
Une investiture qui a soulevé et soulève un tollé générale. Les commentaires vont dans tous les sens. Nous nous sommes intéressés à la réaction du Professeurs Alphonse MAINDO. Pour lui, Félix Tshisekedi vient de poser le dernier acte pour contrôler l’ensemble du processus électoral en nommant Denis Kadima malgré la levée des boucliers presque générale dans les états-majors politiques, malgré les orages politiques annoncés et les appels à la sagesse.
« …cet acte scelle ainsi sa volonté de contrôler tout le pouvoir d’Etat, il montre ainsi sa détermination à ne pas se laisser dicter sa volonté par les forces vives et politiques nationales car il reste toujours prisonnier du Rwanda et des USA, notamment. Il a le pari de l’essoufflement de la mobilisation populaire et politique contre son régime. Il connaît aussi le code de la communauté internationale qui a coutume de se contenter souvent des dénonciations avant de faire avec l’homme fort en place… »
En analysant calmement la décision du président de la République, on peut se demander s’il n’a pas sous-estimé ses adversaires et la grogne sociopolitique qui couve déjà depuis des mois dans le pays. A moins qu’il ait surestimé ses propres capacités de résilience.
« …dans les deux cas, les conséquences seront les mêmes. Affronter à la fois les fonctionnaires mécontents (santé, éducation, etc.), la population (RAM, panier de la ménagère, routes, emploi, insécurité et violences à l’est, etc.), l’église catholique, l’église protestante, le FCC, lamuka, ensemble pour le changement, etc. Ça fait trop. Cet affrontement pourrait l’emporter. Sans oublier la possibilité d’un scénario à la Guinéenne. L’attitude de la communauté internationale tout comme l’essoufflement populaire sur lesquels il surfe pourrait ainsi devenir son cheval de Troie dans ce cas… »
Certains pensent même si Félix Tshisekedi n’est pas en train de faire le lit de son fabricateur Joseph Kabila pour qu’il rentre en triomphe. Cette tranche estime que le fils du sphinx de Limeté fait tout pour se faire détester : stratégies et décisions absurdes. Faire pire en croyant mieux faire.
« ….s’il triomphe des orages à venir, on est parti pour des années d’une dictature longue et d’une paupérisation accrue à cause de l’incurie et la predatocratie qui ont encore de beaux jours devant elles… », conclut le Professeur Alphonse Maindo.
La Rédaction