Les USA, un problème avant d’être une solution. (Tribune de José NAWEJ)

Autant souscrire d’emblée à certains fondamentaux de la realpolitik. Dans ce vaste monde, il est des Etats plus égaux que d’autres. L’égalité souveraine des Etats fixée dans le marbre de la charte de l’ONU se bute justement au fait que, dans le réel les pays, ne se valent pas. Les Etats-Unis d’Amérique pèsent bien plus lourd que n’importe quel autre pays au monde. Pour combien de temps encore au regard de la montée en puissance tous azimuts -et dans tous les domaines de la Chine-, là est la principale question géopolitique de dix prochaines années.

Retour sur la terre rd congolaise, avec cette interrogation : est-ce pour autant que Washington est l’alpha et l’oméga de l’avenir et du devenir de la RDC ? La réponse est assurément non.

Cela n’empêche pas nombre de Congolais -surtout dans le landerneau politico-médiatique- de croire que la venue à Kinshasa du Secrétaire d’Etat américain sera porteuse de toutes les solutions voire de la solution à la tragédie qui sévit dans l’Est de la RDC. Il ne reste plus qu’à chanter » tata aye nzala esili « .

Dans ce pays où l’amnésie est reine, on a achevé d’oublier que l’autisme, doublé d’entêtement de » nos agresseurs » visibles tient en grande partie à la mansuétude intéressée des puissances anglo-saxonnes de saison depuis l’administration Clinton. Une doctrine qui a été adoubée par le Premier ministre et amplifiée à l’époque par le Premier ministre britannique Tony Blair.

A l’époque, il avait été question, pour Washington, de remodeler l’Afrique post-guerre froide en promouvant des leaders dits de la » nouvelle génération « . Dans la corne de l’Afrique et dans les Grands lacs, il était notamment question de solder les comptes des régimes devenus « encombrants » et de contrer la poussée islamiste. D’où, après l’adoubement de l’Ougandais Yoweri Museveni, l’avènement des pouvoirs éthiopien avec Meles Zenawi, érythréen avec Isaias Afwerki et, plus tard, le rwandais Paul Kagamé.

Dans ce remodelage, le Zaïre de Mobutu était jugé trop grand pour ne continuer à ne faire qu’un… pays. L’AFDL allait être cette caution congolaise à la grande redistribution des cartes qui se mettait en place. La volte-face de » l’imprévisible ? » Laurent-Désiré Kabila aura été ce grain de sable dans la machine. La suite est une succession de tentatives de déstabilisations dans le pur style très » machiavélien » et même machiavélique : la fin justifie les moyens. Du RCD au M23 en passant notamment par la CNDP. Même -ou presque- modus operandi, mêmes parrains, mêmes revendications et même service minimum de la communauté internationale.

Dans ce pays où l’instant l’emporte sur le nécessaire recul historique, et le conjoncturel sur le structurel; très peu se donnent la peine de lire la question de l’Est avec des lunettes de la géostratégie. Résultat, en lieu et place d’une analyse approfondie de la conspiration bien plus vaste que les ambitions « négrières » du binôme Rwanda-Ouganda, l’on s’acharne sur le thermomètre pour faire tomber la fièvre. En termes clairs, c’est dans la mesure où ils constituent l’un des termes majeurs du problème que les Etats-Unis d’Amérique peuvent devenir la solution à l’équation dans l’Est de la RDC.

Tant mieux, si d’aventure paraphrasant Lord Palmerston -un pays n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents, elle n’a que des intérêts permanents-, les USA opèrent leur aggiornamento sur leur politique dans les Grands lacs.

Reste que le salut de la RDC ne viendra ni de dirigeants façon proconsuls (congolais soient-ils) ni de Washington, ni de Moscou, ni de Pékin. Mais de Congolais eux-mêmes.

José NAWEJ.

  

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