Mwaba versus Alingete, une victime : l’Etat congolais (Tribune de José Nawej)


Y-aurait-t-il eu tentative de détournement de 16 millions USD dans le chef du ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) ? En ciblant le ministre Tony Mwaba, le lanceur d’alerte-accusateur Jules Alingete serait-il mû par des mobiles bassement personnels ? En un mot, qui dit vrai ?

Il serait peut-être judicieux de laisser, pour l’instant, cette question à tous les ayatollahs du manichéisme bien de chez nous. Ceux pour qui il existerait, d’un côté, un camp qui aurait le monopole de la vertu et qui claironnent invariablement en chœur la phrase sartrienne « L’enfer c’est les autres« . Et, de l’autre, un bloc qui incarnerait le vice ad vitam aeternam.

A ce niveau, l’important ne réside sans doute pas dans l’instruction d’un procès, fût-il assorti du sacro-saint principe du contradictoire. A ce stade, le principal ne consiste pas non plus à se perdre dans le compte d’apothicaire.

Il y à l’évidence plus grave que ces deux exercices. A savoir, le fait qu’un membre du Gouvernement et un haut fonctionnaire de l’Etat s’écharpent dans les médias traditionnels et sur la Toile. Là est le hic.

Comment deux hauts personnages publics peuvent en arriver à se régler des comptes-visiblement au propre comme au figuré- sur la place publique ? Quid de l’obligation de réserve à laquelle l’un et l’autre sont astreints? Quid de la dignité liée aux hautes charges de l’Etat ? Quel message Son Excellence Monsieur le Ministre de l’EPST et Monsieur l’Inspecteur général des Finances -chef de service donnent à la Ville, au Pays et au Monde en polémiquant à longueur de journée ?

Avant même de savoir qui a raison et qui a tort, le pugilat médiatique et épistolaire entre le ministre Mwaba et l’Inspecteur Aligente a déjà fait une grosse victime collatérale : l’Etat congolais dont l’image s’en trouve écornée. Au passage, c’est le pourtant nécessaire travail d’assainissement des mœurs sur le front de la gestion de l’argent public qui en prend un sacré coup.

Pas besoin d’être sous-traité par l’un ou l’autre « candidat » éligible à l’opération « mains propres » en cours pour conseiller au célèbre inspecteur général des Finances de faire un usage modéré de la publicité dans sa croisade sous peine de tomber dans une espèce d’audit-spectacle. Lui qui, pourtant, semble en passe de réussir à inspirer à nouveau la « peur du gendarme » comme commencement de la sagesse. Un exploit dans un pays où l’impunité avait valeur de seconde nature. Ou presque.

Pas la peine non plus de faire partie des « médias dits de la haine » pour suggérer au ministre de l’EPST de trouver des canaux beaucoup plus appropriés pour présenter ses moyens de défense . Pour le coup, les deux hauts responsables de la République ont oublié que les médias, tel un couteau à double tranchant, ont deux vocations contradictoires. Ils peuvent propulser une personnalité tout comme ils peuvent l’écrabouiller. Au regard de la séquence en cours, pas sûr que les « pugilistes » Mwaba et Alingete soient sur le versant positif des médias.


José NAWEJ

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