Qui n’a pas soupé avec JKK ? (Tribune de José Nawej).

Sans faire du prosélytisme , il y a tout de même lieu d’admettre que la Bible est une mine de sagesse. C’est le cas de l’histoire de cette femme pécheresse, prise en flagrant délit d’adultère à propos de laquelle, Jésus-Christ demanda à ceux qui voulaient la lapider: « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre« . Un à un, les accusateurs se sont dégonflés. Par rapport à l’interminable procès en collaboration avec Joseph Kabila, que certains voudraient remettre au goût du jour, on pourrait paraphraser Christ en disant: « Qui jettera la première pierre à qui ? ».

Au fond, toutes proportions gardées, Kingakati, c’est comme Gbadolite sous Mobutu. Il y en a qui assumaient leur collaboration avec le Maréchal-président et s’assumer en y allant en plein jour. Il y en a qui comptait sur l’adage selon lequel » la nuit tous les chats sont gris » pour s’y rendre. Opposant radical le jour, opposant gentil au coucher du soleil. Vive le grand écart!

Au finish, les uns et les autres pratiquaient le même salon, buvaient le même thé, mais à des heures différentes. Un peu comme la « sœur » en Christ qui dit ne pas prendre la bière, mais qui ne repousse pas le vin. Alors que le cépage contient plus d’alcool que le « jus de malt« . A l’instar de ce musulman qui ne mange pas la viande de porc, mais en raffole la soupe.

Dans tous les cas, ö tempora, ö mores, le « référentiel Kabila« , comme argument d’autorité pour diaboliser ou délégitimer un acteur politique, a explosé. Le manichéisme, souvent réducteur et même un tantinet simpliste, qui sous-tendait l’anathème, n’est plus de saison.

De fait, l’avènement de l’UDPS au pouvoir a rendu obsolète le bon vieux paradigme moral selon lequel, sur la scène politique zaïro-congolaise, il y avait un camp-opposition – qui incarnait la vertu et un bloc- pouvoir- qui symbolisait le vice. Non seulement, le deal JKK-Fatshi sonnait comme une preuve par l’absurde que les deux camps étaient officiellement « ennemis » mais officieusement « amis« , mais en plus la gouvernance post divorce FCC- feu CACH montre que les donneurs de leçons d’hier sont des politiciens comme leurs prédécesseurs.

Publiée en 1977, « La comédie du pouvoir » en référence à l’essai-pamphlet de la journaliste-convertie à la politique- Françoise Giroud a encore de beaux jours devant elle. En un mot comme en mille, avoir collaboré ou collaborer avec Joseph Kabila a cessé d’être un crime de lèse-fréquentation. Tant cet exercice était, en réalité, le sport favori de la quasi-totalité de la classe politique.

Si, d’après André Malraux, « tout le monde a été, est ou sera gaulliste« , l’enclos de Kingakati faisant foi, tous les acteurs politiques en vue – pas que – ont pratiqué, ou pratiquent encore JKK. Quant au futur, l’expérience renseigne que « jamais » ne fait pas bon ménage avec politique.

José NAWEJ

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