RDC : Front électoral : un air du déjà vu (Tribune de José Nawej)


Le vin est tiré. Faut-il le boire ? La messe est dite. Devrait-on dire amen en chœur ? Alea jacta est. Est-il impérieux, à l’instar de Jules César qui traversera dans la foulée le fleuve Rubicon, de prendre acte de la promulgation de la loi sur la CENI ? Face à ce qui sent le » fait accompli « du pays légal, une bonne frange du pays réel relayé par nombre de corps intermédiaires -églises, mouvement associatif -, la plateforme Lamuka …s’interrogent.

Que faire face à ce qui a tout l’air d’un passage en force enveloppé dans un formalisme institutionnel ? Comment détricoter ce qui vient d’être tissé dans l’entre soi mais qui est frappé du sceau de légalité ? Comment décréter une fatwa contre une loi promulguée le plus officiellement et … » régulièrement » du monde par le Président de la république ? Comment obliger un train sur lequel on n’a aucune prise à revenir à la gare de départ ?

On peut multiplier à l’infini ces questions à forte odeur » mission impossible « . Des interrogations que l’UDPS aujourd’hui à la cime du pouvoir d’Etat soulevait hier en compagnie d’autres forces de l’opposition face au régime Kabila. Ironie du sort ou comble de paradoxe une fois de l’autre côté de la barrière le parti tshisekediste reproduit avec talent toutes les techniques de conservation du pouvoir qu’il dénonçait voici seulement trois ans.

De concert avec les autres légions de l’opposition et la très influente Eglise catholique, l’UDPS avait pour credo une CENI délivrée de l’emprise de la majorité-factice ? – et une approche consensuelle dans la préparation du cycle électoral. Autres temps, autres mœurs, se serait écrié Cicéron avocat et écrivain latin.

Sous le ciel français opposant, le socialiste François Mitterrand critiquait systémiquement et systématiquement jusqu’à la conception du pouvoir de Charles de Gaulle. Il codifia son opposition dans son livre paru en 1964 » Le coup d’Etat permanent « .

Arrivé à l’Elysée en 1981, le Président socialiste enfilera à la perfection le costume du Général, façon monarque républicain. Le quatrième Président de la Vème République se mit à adorer comme aucun de ses devanciers ce qu’il brûlait hier !

Retour sous les tropiques rd congolaises pour se poser la seule question qui vaille vraiment : la démarche » solitaire » du nouveau pouvoir sur le front de la loi sur la CENI et son succédané qu’est la loi électorale va-t-elle garantir un scrutin qualitativement différent des précédents ? Les mêmes causes non traitées ne vont-elles pas produire les mêmes effets ? Poser la question, c’est y répondre.


José NAWEJ

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