Tshopo : des autorités locales outillées sur le contrôle des mouvements migratoires et activités des migrants par TROPENBOS RD CONGO.
Dans le cadre de l’exécution du projet Redd+ intégré oriental, l’ONG environnementale Tropenbos Rd Congo note que les forêts de la province de la Tshopo (93% de la couverture forestière) qui ont jusqu’ici résisté grâce à une faible densité démographique, sont aujourd’hui menacés par divers moteurs tels que les migrations humaines.
Intervenant dans trois territoires de la province de la Tshopo à savoir, Bafwasende, Isangi et Ubundu, Tropenbos RDC fait mention de la pression humaine accrue que subissent ses entités à cause de sa proximité avec des provinces surpeuplées du Nord-Kivu et de l’ituri d’une part, et d’autre part du taux élevé de natalité.
Afin de faire face à cette question, dans un atelier d’un jour tenu ce 18 mars 2022 à Kisangani, cette organisation non gouvernementale vient de renforcer les capacités des autorités administratives des 12 secteurs cibles du projet ainsi que les agents de la direction générale de migration des trois territoires précités.
Ce renforcement des capacités concernent les dynamiques migratoires tout en relevant les causes, les impacts et l’importance socio-économique dans les zones d’accueil. En clair, Tropenbos Rd Congo outille ces autorités administratives sur la connaissance des populations dans leurs terroirs ainsi que leurs flux mais aussi ressortir les dynamiques migratoires avec le foncier et l’aménagement du territoire.
« …il y a nécessité de maitriser les mouvements des populations, d’avoir le contrôle de la population. Un Etat pour bien fonctionner, a besoin de trois éléments fondamentaux : un pouvoir organisé, un territoire et la population », précise Professeur Alphonse Maindo, directeur de Tropenbos Rd Congo.
Alphonse Maindo souligne en effet que la question des mouvements migratoires demeure au cœur des préoccupations de Tropenbos Rd Congo.
« Si aujourd’hui nous avons les changements climatiques, des problèmes à terme de réchauffement climatique et dérèglement, c’est à cause des activités anthropiques. Et parmi ces activités anthropiques, il y a la question du contrôle de la population pour qu’il y ait moins de la pression sur la forêt, moins de croissance car cette population a besoin des ressources et peut à tout moment la menacer », pense le directeur de Tropenbos RDC.
Pour le directeur de Tropenbos Rd Congo, il y a intérêt à bien gérer les flux et les dynamiques démographiques de manière à assurer le bien-être de tous; afin d’éviter des conflits et violences qui pourraient venir de la non maitrise des mouvements de la population. Il cite un exemple concret de la situation au point kilométrique 112 dans le territoire d’Ubundu, axe Lubutu sur la RN 3.
«…là-bas dans le secteur Bakumu Obiatuku, vous avez une communauté constitué à 95 % des populations allochtones à l’occurrence les Topoke et une petite poignée des Bakumu. Hors dans ce programme, on veut donner des alternatives aux populations, notamment avec des cultures pérennes. Alors que ces 95% de la population qui mène des activités agricoles n’ont pas des terres et ne peuvent pas faire des cultures pérennes. Malheureusement, la petite partie de la population qui détient les terres ne fait pas le champ. Et donc on a des semences qu’on veut donner pour les alternatives mais on ne peut pas le faire », regrette Professeur Alphonse Maindo.
Au cours de cet atelier, il a été rappelé aux chefs des secteurs, chefferies, préposés de l’état civil et aux chefs de poste de la DGM au niveau de ces trois territoires, les mesures à prendre afin de lutter contre le mouvement massif et dynamique de la population tout en maitrisant l’outil qui permettra d’actualiser les données sur la démographie.
L’organisation non gouvernementale Tropenbos Rd Congo alerte qu’au-delà des conséquences écologiques et environnementales, les dynamiques démographiques dans le paysage forestier de la Tshopo sont aussi une source probable de conflits entre migrants et les populations locales d’une part, et d’autre part entre les différents utilisateurs des forêts et des ressources naturelles. Elle conseille l’Etat Congolais à une planification spatiale du terroir avec des affectations des terres en cohérence, avec des plans d’aménagement du territoire à tous les échelons de l’administration du territoire.
Jean Claude Fundi